Sunday, July 31, 2005
Thursday, July 21, 2005
Una mica de sentit comú francès
Ivan Rioufol, que revisa l’actualitat cada setmana en el Figaro, i és una de les plomes periodístiques més incòmodes per a la beneiteria imperant, en el seu article del 15 de juliol ens ofereix unes imprescindibles reflexions per passar l’estiu.
A quoi bon le nier ? L’Islam est un problème pour l’Occident. Et il revient aux très nombreux musulmans éclairés, horrifiés par la barbarie qui a frappé la Grande-Bretagne en leur nom, d’admettre l’urgence d’une lecture critique du Coran. Car c’est bien le même livre qui invite à vivre paisiblement et qui attise la haine d’une poignée de fanatiques contre les «infidèles». Les quatre jeunes kamikazes de Londres, d’origine pakistanaise, étaient nés et avaient été élevés en Angleterre. Ils étaient jusqu’alors bons dévots.
«Ces attentats n’ont rien à voir avec l’Islam», répète le discours dominant. Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman, évoque un «acte criminel gravissime» qui «ne peut en aucun cas se revendiquer ni de l’Islam ni de ses valeurs». Mais ce rejet compréhensible revient à faire du terrorisme l’expression exacerbée d’un sentiment d’injustice, qui rend coupable le pays frappé. Or, le nihilisme islamiste puise d’abord dans les textes sacrés. Interdit de le dire ?
Le procès en islamophobie, porté par les moralisateurs professionnels, fait le jeu des intégristes. Oeuvrant à la réislamisation de leurs «frères et soeurs», ils font obstacle à un aggiornamento du Coran, au prétexte qu’il aurait été dicté par Dieu. Ce faisant, ils justifient la perpétuation du djihad par le prosélytisme — un rapport confidentiel de l’Education nationale a montré, en juin 2004, comment le fondamentalisme s’est installé au coeur de l’école publique (Rapport Obin «sur les signes et manifestations d’appartenances religieuses dans les établissements scolaires», déjà cité ici.) — ou par la violence, dont le prophète guerrier sut faire usage.
La bien-pensance réprouve le procédé des citations. Elle estime que des propos belliqueux se retrouvent aussi dans la Torah ou l’Evangile. Mais c’est oublier que juifs et chrétiens ont su dépasser la lettre, tandis que l’Islam est resté un code de conduite impératif. Le Coran dit par exemple, parlant des «mécréants» (sourate 2, verset 191) : «Et tuez-les, où que vous les rencontriez (...)» ; ou encore (sourate 8, verset 17) : «Ce n’est pas vous qui les avez tués ; mais c’est Allah qui les a tués (...)», etc. (La traduction est celle proposée par l’Union des organisations islamiques de France sur son site Internet.).
Aller à la source — les appels à trucider les juifs et les chrétiens se comptent par dizaines — fait comprendre ce qu’est cette idéologie conquérante, raciste, sexiste. Un lecteur d’Ezanville (Val-d’Oise) vient de m’envoyer un opuscule de 24 pages édité en Turquie, distribué dans des boîtes à lettres de sa commune, où il est expliqué, sourates à l’appui, pourquoi Jésus n’est qu’un «messager d’Allah». Exigeant la soumission, ce totalitarisme rêve d’instaurer «l’ordre islamique», partout où il met les pieds. Il compte sur les 15 à 20 millions de musulmans d’Europe pour sa Reconquista.
Ceux-là ne se reconnaissent pas dans ces exterminateurs de «Croisés». Mais ils ne peuvent refuser de considérer la part de responsabilité du système islamique dans les dérives sectaires et mortifères. Même si les lectures extrêmes ne sont pratiquées que par 1% des membres de la communauté, cela représente, pour la seule Grande-Bretagne, 15 000 à 20 000 illuminés agissant au nom d’une religion dévoyée. Aux musulmans progressistes de leur dire ce qu’il faut oublier du Coran.
Quand l’assassin du cinéaste néerlandais Theo Van Gogh affirme, mardi devant le tribunal d’Amsterdam, avoir tué «au nom de sa religion» en se disant prêt «à refaire la même chose», il parle comme les islamistes du Moyen-Orient et d’ailleurs. Ceux-là égorgent devant des vidéos, se font sauter dans des transports en commun, dissimulent des bombes dans des marchés publics, tuent des enfants et des adolescents (32 morts à Bagdad, mercredi). Maroco-néerlandais, Mohamed Bouyeri, 27 ans, s’est présenté devant ses juges coiffé d’un keffieh palestinien, le Coran à la main. Il est le produit de la radicalisation de descendants d’immigrés, observée aussi dans des cités françaises.
Il est trop simple d’assurer que l’intégrisme et ses terreurs cesseront lorsque le conflit israélo-palestinien sera résolu et que l’occupation en Irak aura pris fin. Ce raisonnement est partagé par la majorité des commentateurs, avec les encouragements des prêcheurs. Mais il sonne creux. Bouyeri a égorgé Van Gogh parce que le descendant du peintre critiquait l’Islam et ses entreprises de déstabilisation du monde. Il a menacé de mort la parlementaire néerlandaise et musulmane, Ayaan Hirs Ali parce qu’elle ose dire (bloc-notes du 20 mai 2005) : «Le problème, c’est le prophète et le Coran (...) Il y a des graines de fascisme dans l’Islam.»
Les nouveaux musulmans d’Europe ont choisi de vivre en harmonie dans un Occident laïc et tolérant. Leur religion n’est pas en cause. Cependant, la montée en puissance d’un obscurantisme se comportant en pays conquis devrait les inciter à porter témoignage de leur attachement à la démocratie, en acceptant d’ouvrir les yeux sur la face noire d’un islam perverti, qui exalte la mort. Tony Blair a eu raison de se dire «fier», lundi, de la communauté de Grande-Bretagne qui a condamné les «actes impies». Mais cette réprobation était la moindre des choses.
Pourquoi ne pas aller plus loin ? Des musulmans ont su se mobiliser en 2003 pour dénoncer, avec bien d’autres, la guerre en Irak. De semblables manifestations contre le terrorisme islamiste seraient un message autrement plus lisible, aux yeux d’une opinion inquiète, que les communiqués d’indignations. Et toute l’ambiguïté sur le désir d’intégration de certains serait levée si un débat critique pouvait avoir lieu, au sein même de la communauté, sur les motivations qui poussent des jeunes femmes à porter le voile qu’avaient refusé leurs mères.
Relire Chahdortt Djavann (Que pense Allah de l’Europe (Gallimard). Lire aussi du même auteur : Bas les voiles! (Gallimard).), qui fait partie de ces quelques femmes remarquables qui ont décidé de résister à l’islamisme et à sa banalisation : «S’il est bien vrai que le degré de démocratie d’un pays se mesure au sort qu’il réserve aux femmes, tant qu’il y aura des femmes voilées dans les pays ou dans les milieux musulmans, le retour de l’intégrisme islamiste sera possible (...) Le voile est le meilleur moyen de gagner du terrain pour les islamistes.» Oui, bas les voiles !
Ce que l’Europe pacifiste se refuse à voir : c’est une guerre qui a été déclarée contre l’Occident par l’islamisme, le 11 septembre 2001 avec les attentats contre New York et Washington. C’est cette même guerre qui a frappé Madrid le 11 mars 2004, Londres le 7 juillet 2005 et qui menace chaque pays d’Europe, y compris la France. Cette même guerre qui, partout dans le monde en réalité, oppose les Fous de Dieu aux autres religions, y compris les musulmans sécularisés d’Europe et les animistes du Darfour. Et il faudrait applaudir ce totalitarisme en marche ?
Pour avoir souvent dénoncé ici l’esprit capitulard des «antiguerre», prêts à acheter leur sécurité au prix de compréhensions apportées à l’islamisme et de concessions faites aux tyrannies moyen-orientales, l’attitude des Britanniques sauve l’honneur. Alors que Jose Luis Zapatero avait, après le 11 mars 2004, retiré les troupes espagnoles d’Irak, Tony Blair et son peuple montrent une nouvelle fois ce qu’est le courage. Même le chauffeur du bus de la ligne 30, soufflé par une des quatre bombes, a repris son travail lundi. Chapeau bas.
Les démocraties ne sont pas coupables de leur réussite. Or, en refusant de désigner leur ennemi — le «nazislamisme» et son culte de l’homme supérieur — et la nature du danger — une guerre mondiale d’un type nouveau —, elles se comportent comme si elles acceptaient déjà d’être soumises. La commémoration, cette semaine, du dixième anniversaire du massacre de 8 000 musulmans de Srebrenica par des Serbes ne doit pas exonérer pour autant le fondamentalisme. Qui parle du sort des chrétiens des Balkans, notamment au Kosovo ?
Il est beaucoup reproché à George W. Bush et à Tony Blair d’avoir attisé la fureur d’al-Qaida par leur intervention en Irak : elle aura pourtant chassé un dictateur qui subventionnait les familles des bombes humaines palestiniennes et qui avait applaudi au 11 septembre. Et, si les deux chefs d’Etat ont commis des erreurs — mais comment combattre efficacement une nébuleuse ? —, ils restent les figures symbolisant la résistance des démocraties face à la «culture de la haine». Churchill aussi aurait pu éviter les bombes sur Londres, en se couchant devant Hitler.
Les tensions identitaires qui déstabilisent l’Europe révèlent la difficile intégration de la culture arabo-musulmane. Mais ces refus de reconnaître d’autres autorités que la charia ne sauraient faire oublier ces citoyens qui ont très majoritairement adopté le mode de vie européen et les lois nationales. Comme Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, ils admettent la nécessité de maîtriser l’immigration. «On ne va pas ouvrir nos frontières à tout le reste du monde parce qu’on est habité par un esprit d’altruisme ou je ne sais quoi», a déclaré mercredi le ministre d’origine algérienne, commentant la volonté de Nicolas Sarkozy de développer une «immigration choisie». Cependant, un des meilleurs moyens de choisir reste encore le contrôle aux frontières, qui n’existe plus. Le ministre de l’Intérieur l’a rétabli temporairement, cette semaine, après les attentats de Londres. Pourquoi ne pas recourir à ces contrôles dans la durée ?
A propos du modèle français, de nouveau défendu hier par Jacques Chirac : l’emploi public a progressé de 24% entre 1982 et 2003, selon un rapport officiel diffusé lundi. Fin 2003, les fonctionnaires représentaient 5 millions de personnes, soit un salarié sur cinq. Selon les calculs de l’association des Contribuables associés, les Français consacrent 196 jours sur 365 — soit jusqu’au 16 juillet — à financer le secteur public. Ils travaillent donc un jour sur deux pour l’Etat. Commentaire de l’association : «Au Moyen Age, un homme était considéré comme serf lorsqu’il devait payer plus de 40 jours à son seigneur.»
Cette honte pour la démocratie américaine : l’emprisonnement, depuis le 6 juillet, de la journaliste du New York Times, Judith Miller. Elle a été incarcérée pour avoir refusé de révéler à la justice le nom d’un de ses informateurs. Où est ici le respect de la liberté de la presse ?
La terreur, au nom de l’Islam
A quoi bon le nier ? L’Islam est un problème pour l’Occident. Et il revient aux très nombreux musulmans éclairés, horrifiés par la barbarie qui a frappé la Grande-Bretagne en leur nom, d’admettre l’urgence d’une lecture critique du Coran. Car c’est bien le même livre qui invite à vivre paisiblement et qui attise la haine d’une poignée de fanatiques contre les «infidèles». Les quatre jeunes kamikazes de Londres, d’origine pakistanaise, étaient nés et avaient été élevés en Angleterre. Ils étaient jusqu’alors bons dévots.
«Ces attentats n’ont rien à voir avec l’Islam», répète le discours dominant. Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman, évoque un «acte criminel gravissime» qui «ne peut en aucun cas se revendiquer ni de l’Islam ni de ses valeurs». Mais ce rejet compréhensible revient à faire du terrorisme l’expression exacerbée d’un sentiment d’injustice, qui rend coupable le pays frappé. Or, le nihilisme islamiste puise d’abord dans les textes sacrés. Interdit de le dire ?
Le procès en islamophobie, porté par les moralisateurs professionnels, fait le jeu des intégristes. Oeuvrant à la réislamisation de leurs «frères et soeurs», ils font obstacle à un aggiornamento du Coran, au prétexte qu’il aurait été dicté par Dieu. Ce faisant, ils justifient la perpétuation du djihad par le prosélytisme — un rapport confidentiel de l’Education nationale a montré, en juin 2004, comment le fondamentalisme s’est installé au coeur de l’école publique (Rapport Obin «sur les signes et manifestations d’appartenances religieuses dans les établissements scolaires», déjà cité ici.) — ou par la violence, dont le prophète guerrier sut faire usage.
La bien-pensance réprouve le procédé des citations. Elle estime que des propos belliqueux se retrouvent aussi dans la Torah ou l’Evangile. Mais c’est oublier que juifs et chrétiens ont su dépasser la lettre, tandis que l’Islam est resté un code de conduite impératif. Le Coran dit par exemple, parlant des «mécréants» (sourate 2, verset 191) : «Et tuez-les, où que vous les rencontriez (...)» ; ou encore (sourate 8, verset 17) : «Ce n’est pas vous qui les avez tués ; mais c’est Allah qui les a tués (...)», etc. (La traduction est celle proposée par l’Union des organisations islamiques de France sur son site Internet.).
Aller à la source — les appels à trucider les juifs et les chrétiens se comptent par dizaines — fait comprendre ce qu’est cette idéologie conquérante, raciste, sexiste. Un lecteur d’Ezanville (Val-d’Oise) vient de m’envoyer un opuscule de 24 pages édité en Turquie, distribué dans des boîtes à lettres de sa commune, où il est expliqué, sourates à l’appui, pourquoi Jésus n’est qu’un «messager d’Allah». Exigeant la soumission, ce totalitarisme rêve d’instaurer «l’ordre islamique», partout où il met les pieds. Il compte sur les 15 à 20 millions de musulmans d’Europe pour sa Reconquista.
Ceux-là ne se reconnaissent pas dans ces exterminateurs de «Croisés». Mais ils ne peuvent refuser de considérer la part de responsabilité du système islamique dans les dérives sectaires et mortifères. Même si les lectures extrêmes ne sont pratiquées que par 1% des membres de la communauté, cela représente, pour la seule Grande-Bretagne, 15 000 à 20 000 illuminés agissant au nom d’une religion dévoyée. Aux musulmans progressistes de leur dire ce qu’il faut oublier du Coran.
Les musulmans, premiers concernés
Quand l’assassin du cinéaste néerlandais Theo Van Gogh affirme, mardi devant le tribunal d’Amsterdam, avoir tué «au nom de sa religion» en se disant prêt «à refaire la même chose», il parle comme les islamistes du Moyen-Orient et d’ailleurs. Ceux-là égorgent devant des vidéos, se font sauter dans des transports en commun, dissimulent des bombes dans des marchés publics, tuent des enfants et des adolescents (32 morts à Bagdad, mercredi). Maroco-néerlandais, Mohamed Bouyeri, 27 ans, s’est présenté devant ses juges coiffé d’un keffieh palestinien, le Coran à la main. Il est le produit de la radicalisation de descendants d’immigrés, observée aussi dans des cités françaises.
Il est trop simple d’assurer que l’intégrisme et ses terreurs cesseront lorsque le conflit israélo-palestinien sera résolu et que l’occupation en Irak aura pris fin. Ce raisonnement est partagé par la majorité des commentateurs, avec les encouragements des prêcheurs. Mais il sonne creux. Bouyeri a égorgé Van Gogh parce que le descendant du peintre critiquait l’Islam et ses entreprises de déstabilisation du monde. Il a menacé de mort la parlementaire néerlandaise et musulmane, Ayaan Hirs Ali parce qu’elle ose dire (bloc-notes du 20 mai 2005) : «Le problème, c’est le prophète et le Coran (...) Il y a des graines de fascisme dans l’Islam.»
Les nouveaux musulmans d’Europe ont choisi de vivre en harmonie dans un Occident laïc et tolérant. Leur religion n’est pas en cause. Cependant, la montée en puissance d’un obscurantisme se comportant en pays conquis devrait les inciter à porter témoignage de leur attachement à la démocratie, en acceptant d’ouvrir les yeux sur la face noire d’un islam perverti, qui exalte la mort. Tony Blair a eu raison de se dire «fier», lundi, de la communauté de Grande-Bretagne qui a condamné les «actes impies». Mais cette réprobation était la moindre des choses.
Pourquoi ne pas aller plus loin ? Des musulmans ont su se mobiliser en 2003 pour dénoncer, avec bien d’autres, la guerre en Irak. De semblables manifestations contre le terrorisme islamiste seraient un message autrement plus lisible, aux yeux d’une opinion inquiète, que les communiqués d’indignations. Et toute l’ambiguïté sur le désir d’intégration de certains serait levée si un débat critique pouvait avoir lieu, au sein même de la communauté, sur les motivations qui poussent des jeunes femmes à porter le voile qu’avaient refusé leurs mères.
Relire Chahdortt Djavann (Que pense Allah de l’Europe (Gallimard). Lire aussi du même auteur : Bas les voiles! (Gallimard).), qui fait partie de ces quelques femmes remarquables qui ont décidé de résister à l’islamisme et à sa banalisation : «S’il est bien vrai que le degré de démocratie d’un pays se mesure au sort qu’il réserve aux femmes, tant qu’il y aura des femmes voilées dans les pays ou dans les milieux musulmans, le retour de l’intégrisme islamiste sera possible (...) Le voile est le meilleur moyen de gagner du terrain pour les islamistes.» Oui, bas les voiles !
Résistance : l’exemple anglais
Ce que l’Europe pacifiste se refuse à voir : c’est une guerre qui a été déclarée contre l’Occident par l’islamisme, le 11 septembre 2001 avec les attentats contre New York et Washington. C’est cette même guerre qui a frappé Madrid le 11 mars 2004, Londres le 7 juillet 2005 et qui menace chaque pays d’Europe, y compris la France. Cette même guerre qui, partout dans le monde en réalité, oppose les Fous de Dieu aux autres religions, y compris les musulmans sécularisés d’Europe et les animistes du Darfour. Et il faudrait applaudir ce totalitarisme en marche ?
Pour avoir souvent dénoncé ici l’esprit capitulard des «antiguerre», prêts à acheter leur sécurité au prix de compréhensions apportées à l’islamisme et de concessions faites aux tyrannies moyen-orientales, l’attitude des Britanniques sauve l’honneur. Alors que Jose Luis Zapatero avait, après le 11 mars 2004, retiré les troupes espagnoles d’Irak, Tony Blair et son peuple montrent une nouvelle fois ce qu’est le courage. Même le chauffeur du bus de la ligne 30, soufflé par une des quatre bombes, a repris son travail lundi. Chapeau bas.
Les démocraties ne sont pas coupables de leur réussite. Or, en refusant de désigner leur ennemi — le «nazislamisme» et son culte de l’homme supérieur — et la nature du danger — une guerre mondiale d’un type nouveau —, elles se comportent comme si elles acceptaient déjà d’être soumises. La commémoration, cette semaine, du dixième anniversaire du massacre de 8 000 musulmans de Srebrenica par des Serbes ne doit pas exonérer pour autant le fondamentalisme. Qui parle du sort des chrétiens des Balkans, notamment au Kosovo ?
Il est beaucoup reproché à George W. Bush et à Tony Blair d’avoir attisé la fureur d’al-Qaida par leur intervention en Irak : elle aura pourtant chassé un dictateur qui subventionnait les familles des bombes humaines palestiniennes et qui avait applaudi au 11 septembre. Et, si les deux chefs d’Etat ont commis des erreurs — mais comment combattre efficacement une nébuleuse ? —, ils restent les figures symbolisant la résistance des démocraties face à la «culture de la haine». Churchill aussi aurait pu éviter les bombes sur Londres, en se couchant devant Hitler.
Contrôles aux frontières
Les tensions identitaires qui déstabilisent l’Europe révèlent la difficile intégration de la culture arabo-musulmane. Mais ces refus de reconnaître d’autres autorités que la charia ne sauraient faire oublier ces citoyens qui ont très majoritairement adopté le mode de vie européen et les lois nationales. Comme Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, ils admettent la nécessité de maîtriser l’immigration. «On ne va pas ouvrir nos frontières à tout le reste du monde parce qu’on est habité par un esprit d’altruisme ou je ne sais quoi», a déclaré mercredi le ministre d’origine algérienne, commentant la volonté de Nicolas Sarkozy de développer une «immigration choisie». Cependant, un des meilleurs moyens de choisir reste encore le contrôle aux frontières, qui n’existe plus. Le ministre de l’Intérieur l’a rétabli temporairement, cette semaine, après les attentats de Londres. Pourquoi ne pas recourir à ces contrôles dans la durée ?
Nouveaux serfs
A propos du modèle français, de nouveau défendu hier par Jacques Chirac : l’emploi public a progressé de 24% entre 1982 et 2003, selon un rapport officiel diffusé lundi. Fin 2003, les fonctionnaires représentaient 5 millions de personnes, soit un salarié sur cinq. Selon les calculs de l’association des Contribuables associés, les Français consacrent 196 jours sur 365 — soit jusqu’au 16 juillet — à financer le secteur public. Ils travaillent donc un jour sur deux pour l’Etat. Commentaire de l’association : «Au Moyen Age, un homme était considéré comme serf lorsqu’il devait payer plus de 40 jours à son seigneur.»
La honte
Cette honte pour la démocratie américaine : l’emprisonnement, depuis le 6 juillet, de la journaliste du New York Times, Judith Miller. Elle a été incarcérée pour avoir refusé de révéler à la justice le nom d’un de ses informateurs. Où est ici le respect de la liberté de la presse ?
Wednesday, July 20, 2005
La neutralitat és impossible
Laurent Murawiec, del Hudson Institute, sempre la diu ben grossa. En aquest contundent article, publicat en el Figaro del 18/07/2005, ens recorda les premisses bàsiques del desafiament que se’ns presenta. Els beneits que dicten l’opinió públicada se n’esgarrifaran; la resta aplaudim.
Le djihad n’admet
L’islamisme radical avait frappé à Bali et tué 88 Australiens et 38 Balinais non musulmans. La réaction de l’Australie, aux antipodes de Zapatero et des plaintives ritournelles qui s’élèvent d’Europe sur le thème «c’est pas nous, c’est eux !», fut de réélire le premier ministre John Howard, allié de Bush dans la guerre.
Puis les Pays-Bas, d’un tolérantisme sans rivage envers les idéologies et les pratiques les plus extrêmes, furent frappés en la personne de Theo Van Gogh ; ils sont en plein réexamen des questions de fond posées par la présence d’une minorité violente, inassimilable et animée d’une hostilité au vitriol envers les valeurs, la culture et la société où elle s’est incrustée, et dont elle profite.
Avec les attentats de Londres, l’islam radical vient de remuer violemment une eau qui dormait, mais que seuls les fous agitent : contrairement à l’ambition de leur machination, la rage de John Bull, même en ces temps postmodernes, sera terrible.
Bien sûr, la gauche intellectuelle anglaise, la gauche travailliste islamophile seront disponibles pour trouver les justifications et les alibis, et tourneront leur prose négativiste contre les «vrais» coupables, Bush et Blair, comme chacun sait, et Sharon, ne l’oublions pas.
Les conquérants, nous dit Clausewitz, sont pacifiques : du moment que leurs proies capitulent, ils ne font pas la guerre. Les lâches ont toujours d’excellentes raisons de capituler, et de blâmer qui résiste pour les brûlures de la bataille. Mais ce serait mal connaître l’Anglais que d’attendre un réflexe d’avachissement.
Ce que l’islamisme, aveuglé par les acides de son propre bouillon d’inculture, ne conçoit pas, c’est que les attaques fléchissent les faibles mais radicalisent les forts. Ils viennent de démontrer à des Anglais qui suivaient mollement Tony Blair que la longue patience britannique envers les volcans d’extrémisme, de fanatisme et de haine qu’abritent les quartiers pakistanais et les mosquées islamistes du royaume, surnommés collectivement le «Londonistan», non seulement ne paie pas, mais rend les assassins sûrs de leur force et de leur impunité —les coudées franches laissées aux ultras de l’islam à Londres en font partie—.
Tout avait commencé par la réaction atone des autorités londoniennes à la fatwa de l’ayatollah Khomeiny qui condamnait Salman Rushdie à mort : la gauche travailliste avait violemment attaqué Rushdie, elle avait adopté le discours khomeiniste. Elle aurait bien fait de méditer le propos du grand poète allemand Heinrich Heine : «Ceux qui brûlent des livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes.» La facture des grandes erreurs n’est pas forcément due au comptant. Quand elle vient à terme, elle est terrible.
Les illusionnistes et les hypocrites — «je ne justifie pas, j’explique» — qui justifient tout invoqueront la coopération de Tony Blair avec Bush, mais ils ne pourront masquer la logique tribale qui préside à la stratégie et à la pratique islamistes : les islamistes ont déclaré la guerre à l’Occident, tous les Occidentaux sont donc coupables, jugés, assassinables, car ils participent de la substance qu’il faut détruire, le monde de l’Incroyance, dar el-Kufr.
Ceux qui croient s’être mis à l’abri grâce à leurs complaisances envers Arafat, le Hamas, le Hezbollah, le régime des ayatollahs et le reste des dictateurs et des despotes arabo-musulmans ne récoltent que le mépris, qui mène inévitablement au rudoiement. Qui se conduit comme un dhimmi sera condamné à la dhimmitude.
Quand un quotidien parisien titre «Al-Qaida punit Londres», je flaire dans cet intitulé toute la puanteur de la soumission. Il faut beaucoup d’aveuglement à nos dames patronesses palestinophiles pour ne pas voir que le refus de la dhimmitude des Juifs d’Israël est précisément l’une des motivations fondamentales de ce que l’on appelle le «conflit israélo-palestinien». Soumettez-vous, il ne vous sera fait aucun mal, ou pas trop. Vous ne serez pas punis. Sinon, vous serez soumis aux bombes vivantes fabriquées à la chaîne par les usines à tueurs que sont les medersas du monde islamo-arabe.
C’est qu’aucun «grief», aucune «revendication» ni «aspiration» ne sont justiciables de la terreur. Il faut avoir bu toute honte pour comparer à la Résistance française, qui refusait les attentats individuels (à l’exception des communistes, à la bonne école de la terreur soviétique) et ne s’attaqua jamais à civil, femme, enfant ou vieillard, le ramassis de nervis assoiffés de sang qui s’est autoproclamé porte-parole unique, qui des Palestiniens, qui du monde arabe, qui du monde musulman tout entier, et dont le programme, clairement énoncé, est exterminateur.
Le culte de la mort et de la destruction, l’amour de la souffrance que l’on inflige, l’assassinat rendu spectacle et objet d’affirmation identitaire, la délectation devant l’humiliation que l’on inflige à ceux dont on va vidéofilmer la décapitation, l’égorgement, l’éventrement, la volonté de puissance illimitée qu’est le pouvoir d’infliger la mort : telle est la nature de la guerre islamiste contre l’Occident. Et de l’université d’al-Azhar pour les sunnites, de la ville de Qom pour les chiites, ne s’est élevée aucune condamnation, mais au contraire, l’éloge de la mort.
Voilà qui doit faire entendre, comme le fait depuis longtemps remarquer l’islamologue Bernard Lewis, que l’objet de la haine inextinguible des djihadistes n’est point ce que nous faisons, mais qui nous sommes. Hitler n’exterminait pas les Polonais à cause de leurs «crimes», de leurs «erreurs», de leur «injustice», mais pour des raisons métaphysiques, et de même que tous ceux qu’il vouait au statut de «races inférieures».
Le philosophe germano-américain Eric Voegelin discerna dans les mouvements totalitaires du XXe siècle, qu’il conçut avec précision comme une «Gnose moderne», cette pseudo-religion qui croit trouver le Salut ici-bas, qui en connaît tous les voies et chemins, qui est dirigée par des prophètes omniscients et qui est prête à sacrifier la moitié de l’espèce humaine pour parvenir à ses fins.
C’est au nom des raisons irrationnelles de ces croyances, hier nazies et bolcheviques, aujourd’hui islamistes, que se déchaînent l’amour du carnage et la volonté de «purifier» l’univers entier du Mal, représenté par l’Autre, juif, koulak, infidèle.
Nous pouvons coexister avec un monde de l’islam qui voudrait se moderniser, mais pas avec l’islamisme éradicateur. Il faut s’en pénétrer : nous sommes en guerre.
Il n’est aucune «concession», aucune conciliation, aucun dialogue qui se puissent avoir avec le djihad moderne. Theo Van Gogh adjura au dialogue celui qui allait l’égorger !
Contre ce djihad, il n’y a pas de guerre défensive, il n’y a pas de défense territoriale. L’islamisme a paralysé et phagocyté une grande partie de son environnement. Il faut y porter le fer. Il faut en même temps encourager et soutenir les aspirations à la modernité, à la liberté et à la démocratie dans le monde arabo-musulman, que les élections afghanes, irakiennes et libanaises viennent de concrétiser.
Quand des enjeux de civilisation causent les guerres, la neutralité est proscrite. Les Etats-Unis ne s’attaquent pas aux mous et aux tièdes : ce sont les islamistes qui s’en chargent. Les jeux sont faits.
Le djihad n’admet
aucune troisième voie
L’islamisme radical avait frappé à Bali et tué 88 Australiens et 38 Balinais non musulmans. La réaction de l’Australie, aux antipodes de Zapatero et des plaintives ritournelles qui s’élèvent d’Europe sur le thème «c’est pas nous, c’est eux !», fut de réélire le premier ministre John Howard, allié de Bush dans la guerre.
Puis les Pays-Bas, d’un tolérantisme sans rivage envers les idéologies et les pratiques les plus extrêmes, furent frappés en la personne de Theo Van Gogh ; ils sont en plein réexamen des questions de fond posées par la présence d’une minorité violente, inassimilable et animée d’une hostilité au vitriol envers les valeurs, la culture et la société où elle s’est incrustée, et dont elle profite.
Avec les attentats de Londres, l’islam radical vient de remuer violemment une eau qui dormait, mais que seuls les fous agitent : contrairement à l’ambition de leur machination, la rage de John Bull, même en ces temps postmodernes, sera terrible.
Bien sûr, la gauche intellectuelle anglaise, la gauche travailliste islamophile seront disponibles pour trouver les justifications et les alibis, et tourneront leur prose négativiste contre les «vrais» coupables, Bush et Blair, comme chacun sait, et Sharon, ne l’oublions pas.
Les conquérants, nous dit Clausewitz, sont pacifiques : du moment que leurs proies capitulent, ils ne font pas la guerre. Les lâches ont toujours d’excellentes raisons de capituler, et de blâmer qui résiste pour les brûlures de la bataille. Mais ce serait mal connaître l’Anglais que d’attendre un réflexe d’avachissement.
Ce que l’islamisme, aveuglé par les acides de son propre bouillon d’inculture, ne conçoit pas, c’est que les attaques fléchissent les faibles mais radicalisent les forts. Ils viennent de démontrer à des Anglais qui suivaient mollement Tony Blair que la longue patience britannique envers les volcans d’extrémisme, de fanatisme et de haine qu’abritent les quartiers pakistanais et les mosquées islamistes du royaume, surnommés collectivement le «Londonistan», non seulement ne paie pas, mais rend les assassins sûrs de leur force et de leur impunité —les coudées franches laissées aux ultras de l’islam à Londres en font partie—.
Tout avait commencé par la réaction atone des autorités londoniennes à la fatwa de l’ayatollah Khomeiny qui condamnait Salman Rushdie à mort : la gauche travailliste avait violemment attaqué Rushdie, elle avait adopté le discours khomeiniste. Elle aurait bien fait de méditer le propos du grand poète allemand Heinrich Heine : «Ceux qui brûlent des livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes.» La facture des grandes erreurs n’est pas forcément due au comptant. Quand elle vient à terme, elle est terrible.
Les illusionnistes et les hypocrites — «je ne justifie pas, j’explique» — qui justifient tout invoqueront la coopération de Tony Blair avec Bush, mais ils ne pourront masquer la logique tribale qui préside à la stratégie et à la pratique islamistes : les islamistes ont déclaré la guerre à l’Occident, tous les Occidentaux sont donc coupables, jugés, assassinables, car ils participent de la substance qu’il faut détruire, le monde de l’Incroyance, dar el-Kufr.
Ceux qui croient s’être mis à l’abri grâce à leurs complaisances envers Arafat, le Hamas, le Hezbollah, le régime des ayatollahs et le reste des dictateurs et des despotes arabo-musulmans ne récoltent que le mépris, qui mène inévitablement au rudoiement. Qui se conduit comme un dhimmi sera condamné à la dhimmitude.
Quand un quotidien parisien titre «Al-Qaida punit Londres», je flaire dans cet intitulé toute la puanteur de la soumission. Il faut beaucoup d’aveuglement à nos dames patronesses palestinophiles pour ne pas voir que le refus de la dhimmitude des Juifs d’Israël est précisément l’une des motivations fondamentales de ce que l’on appelle le «conflit israélo-palestinien». Soumettez-vous, il ne vous sera fait aucun mal, ou pas trop. Vous ne serez pas punis. Sinon, vous serez soumis aux bombes vivantes fabriquées à la chaîne par les usines à tueurs que sont les medersas du monde islamo-arabe.
C’est qu’aucun «grief», aucune «revendication» ni «aspiration» ne sont justiciables de la terreur. Il faut avoir bu toute honte pour comparer à la Résistance française, qui refusait les attentats individuels (à l’exception des communistes, à la bonne école de la terreur soviétique) et ne s’attaqua jamais à civil, femme, enfant ou vieillard, le ramassis de nervis assoiffés de sang qui s’est autoproclamé porte-parole unique, qui des Palestiniens, qui du monde arabe, qui du monde musulman tout entier, et dont le programme, clairement énoncé, est exterminateur.
Le culte de la mort et de la destruction, l’amour de la souffrance que l’on inflige, l’assassinat rendu spectacle et objet d’affirmation identitaire, la délectation devant l’humiliation que l’on inflige à ceux dont on va vidéofilmer la décapitation, l’égorgement, l’éventrement, la volonté de puissance illimitée qu’est le pouvoir d’infliger la mort : telle est la nature de la guerre islamiste contre l’Occident. Et de l’université d’al-Azhar pour les sunnites, de la ville de Qom pour les chiites, ne s’est élevée aucune condamnation, mais au contraire, l’éloge de la mort.
Voilà qui doit faire entendre, comme le fait depuis longtemps remarquer l’islamologue Bernard Lewis, que l’objet de la haine inextinguible des djihadistes n’est point ce que nous faisons, mais qui nous sommes. Hitler n’exterminait pas les Polonais à cause de leurs «crimes», de leurs «erreurs», de leur «injustice», mais pour des raisons métaphysiques, et de même que tous ceux qu’il vouait au statut de «races inférieures».
Le philosophe germano-américain Eric Voegelin discerna dans les mouvements totalitaires du XXe siècle, qu’il conçut avec précision comme une «Gnose moderne», cette pseudo-religion qui croit trouver le Salut ici-bas, qui en connaît tous les voies et chemins, qui est dirigée par des prophètes omniscients et qui est prête à sacrifier la moitié de l’espèce humaine pour parvenir à ses fins.
C’est au nom des raisons irrationnelles de ces croyances, hier nazies et bolcheviques, aujourd’hui islamistes, que se déchaînent l’amour du carnage et la volonté de «purifier» l’univers entier du Mal, représenté par l’Autre, juif, koulak, infidèle.
Nous pouvons coexister avec un monde de l’islam qui voudrait se moderniser, mais pas avec l’islamisme éradicateur. Il faut s’en pénétrer : nous sommes en guerre.
Il n’est aucune «concession», aucune conciliation, aucun dialogue qui se puissent avoir avec le djihad moderne. Theo Van Gogh adjura au dialogue celui qui allait l’égorger !
Contre ce djihad, il n’y a pas de guerre défensive, il n’y a pas de défense territoriale. L’islamisme a paralysé et phagocyté une grande partie de son environnement. Il faut y porter le fer. Il faut en même temps encourager et soutenir les aspirations à la modernité, à la liberté et à la démocratie dans le monde arabo-musulman, que les élections afghanes, irakiennes et libanaises viennent de concrétiser.
Quand des enjeux de civilisation causent les guerres, la neutralité est proscrite. Les Etats-Unis ne s’attaquent pas aux mous et aux tièdes : ce sont les islamistes qui s’en chargent. Les jeux sont faits.
Sunday, July 10, 2005
Oriana, un altre cop
Prophet of Decline
“Europe is no longer Europe, it is Eurabia, a colony of Islam, where the Islamic invasion does not proceed only in a physical sense, but also in a mental and cultural sense. Servility to the invaders has poisoned democracy, with obvious consequences for the freedom of thought, and for the concept itself of liberty.”
(versió espanyola: «Más musulmanes en Europa equivale a una pérdida de libertad»)
Saturday, July 09, 2005
Pascal Bruckner, contra els errors europeus
Pascal Bruckner : «Gare à la rhétorique de l’«apaisement !»
Propos recueillis par Alexis Lacroix, Le Figaro, 09/07/2005.
Philosophe, auteur récemment d’un roman, L’Amour du prochain (Grasset), ainsi que de la préface aux Habits neufs de la terreur de Paul Berman (Hachette), Pascal Bruckner, qui dénonce depuis des années le «sanglot de l’homme blanc», interroge les dénégations d’une partie de l’opinion européenne face à la menace terroriste.
LE FIGARO.— Seize mois après la capitale espagnole, Londres vient d’être frappée par une série d’attaques terroristes. Quelles premières réactions vous inspire cette tragédie?
Pascal BRUCKNER.— Est-ce une conséquence de l’insularité anglaise ? Est-ce dû à la tradition qui s’est exprimée, avec une grandeur remarquable, face au nazisme ? L’Angleterre, confrontée à la volonté de destruction apocalyptique, ne cède pas plus aujourd’hui qu’elle n’a plié hier. Elle résiste de manière «churchilienne». A l’inverse des Espagnols après les attentats d’Atocha, les Anglais réagissent avec sang-froid. Ils ne réclament pas de leur gouvernement le retrait des troupes britanniques engagées, aux côtés des Américains, en Irak. Et Blair, quoi qu’il en soit, n’abondera jamais dans le sens des poseurs de bombes, contrairement au premier ministre que les Espagnols ont choisi après la tragédie du 11 mars. Aussi prolonge-t-il, avec son peuple, une tradition de liberté dont je me demande parfois si l’Europe continentale n’a pas perdu le goût...
Pourquoi en aurait-elle perdu le goût?
Parce que, sous l’influence d’une partie de ses leaders d’opinion, l’Europe occidentale continentale tend, le plus souvent, à «intérioriser» la faute. Pour le dire autrement : face à la menace universelle et impalpable que représente aujourd’hui le terrorisme, certains intellectuels et certains commentateurs peuvent être tentés de renouer avec le réflexe du «sanglot de l’homme blanc» et de redonner sens à l’idée, formidablement primaire et totalement erronée, selon laquelle tout crime contre nous serait en fait une réponse à l’affront au genre humain que constitue la «domination» de l’Occident. Bref, ils peuvent être tentés de recoder tout acte de terrorisme frappant les nations occidentales en riposte contre leur hégémonie. Pas forcément tributaire de clichés gauchistes, Le Parisien titrait significativement, dans son édition d’hier : «Al-Qaida punit Londres» ! Comme si l’Internationale de l’épouvante dirigée par Ben Laden pouvait être comparée à un maître d’école qui taperait sur les doigts des mauvais élèves, qui ont la mauvaise idée de s’engager aux côtés des Américains. Autre variante de cette «intériorisation» de la faute : j’ai également entendu expliquer que le combat contre le terrorisme a échoué et que l’attentat de Londres va servir de prétexte à l’ouverture d’un nouvel «état d’exception» ; bref, après les Etats-Unis, les sociétés européennes seraient sur le point d’abolir leur propre liberté, aux fins du combat contre le terrorisme. Ce type de mise en garde est extrêmement perverse : elle revient in fine à imputer la faute des attentats à leurs victimes.
Le discours messianique et même millénariste sur l’«éradication» du terrorisme, né après le traumatisme du 11 Septembre, est sans résultat...
On peut évidemment s’interroger sur le surdéploiement militaire en Irak et en Afghanistan. S’inquiéter de l’issue d’une campagne moyen-orientale qui «surmène» une armée américaine parvenue aux limites de ses forces. Cela dit, personne n’a jamais présenté la guerre contre le terrorisme lancée par l’Administration républicaine après le 11 Septembre comme une offensive éclair, censée produire tous ses résultats en quelques mois ! Nous avons sans doute entamé une guerre qui durera peut-être deux ou trois décennies et connaîtra de nombreuses batailles. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que le fameux discours messianique, qui sous-tend le projet américain et auquel vous faites référence, soit, comme on aime à le répéter en Europe, d’inspiration religieuse.
Il existe certes aux Etats-Unis une droite évangéliste épouvantable dont George W. Bush est prisonnier pour des raisons électorales. Mais ce courant idéologique, aussi antipathique soit-il, ne modèle pas la politique étrangère de Washington. Loin de tout fanatisme, le discours américain de lutte contre le terrorisme fait plutôt appel aux idéaux d’une liberté révolutionnaire dont le principal souci est de défaire les «tyrannies». Dans le combat de longue haleine qui s’engage, il va d’ailleurs falloir nous méfier, en Europe, de tous ceux qui nous expliquent, après chaque nouvel attentat contre une nation occidentale, que nous sommes punis d’avoir «excité la Bête» !
«Excité la Bête» ?
Il existe tout un discours très à la mode qui dénie au terrorisme son nihilisme apocalyptique, qui nous suggère qu’une communauté humaine ne pourrait pas vouloir délibérément la destruction, l’anéantissement et la mort et que, quand elle cède au vertige nihiliste, ce ne serait qu’à cause des Américains et de leurs alliés britannique et israélien ! Ce dernier, à en croire la nouvelle vox populi, serait coupable, non certes d’avoir inventé le terrorisme, mais d’avoir radicalisé la colère djihadiste. A se dresser trop violemment contre l’islamisme, nous explique la nouvelle sagesse du monde, on le favoriserait : il s’agit-là d’une théorie pour laquelle on fortifie son ennemi en le combattant ! Les gouvernants — à commencer par les gouvernants français — sont prémunis contre cette théorie bizarre. En revanche, celle-ci exerce une forte emprise sur l’opinion publique, notamment en France. Le réflexe expiatoire face au terrorisme est profondément inscrit dans l’air du temps. Pour les néotiers-mondistes, le terrorisme est une arme des pauvres — une riposte de «damnés de la terre». Pour d’autres, qui le médicalisent, c’est une pathologie pure. L’une et l’autre de ces grilles interprétatives ont un inconvénient majeur : celui de confondre la cause et le prétexte du terrorisme. Sans doute la guerre en Irak ou en Afghanistan, l’existence du conflit israélo-palestinien ou le procès de tel ou tel chef djihadiste en Angleterre peuvent-ils fournir, tour à tour, un prétexte commode à des actes terroristes. Mais la cause ultime de tels actes, ce n’est jamais que la haine viscérale qu’un certain nombre de petits groupes ultrafanatisés, tributaires d’une interprétation extrêmement restrictive du Coran, vouent au principe même d’une société ouverte et à toute esquisse de libéralisation dans le monde arabo-musulman.
Avons-nous tort de vouloir comprendre le terrorisme ?
Plus exactement : de vouloir le comprendre dans le seul cadre de notre rationalité, ce qui aboutit immanquablement à l’illusion qu’on pourra combattre le terrorisme avec la mise en place d’un «nouvel ordre international» multipolaire. Bien entendu, il importe, comme le G8 en manifeste ces jours-ci, la détermination de combattre la malnutrition et la misère. Mais le terrorisme échappe à ces parades rationnelles. La violence pure est sa loi. Il est «sans pourquoi». Pour comprendre sans hémiplégie ce phénomène, il faut garder à l’esprit son caractère foncièrement nihiliste et destructif. En succombant à la tentation d’«accuser d’abord l’Amérique», selon la formule de Michaël Walzer, une partie de l’opinion ouest-européenne croit se défausser à peu de frais de ses crimes passés sur l’impérialisme yankee. Ce faisant, elle glisse vers des modes de raisonnement qui sont ceux d’un pays du tiers-monde. Comme si notre fameuse «politique arabe» nous protégeait de l’hostilité déchaînée que les djihadistes vouent à la démocratie en tant que telle ! Etrange schizophrénie française : d’un côté, les services secrets français coopèrent à un très haut degré d’efficacité avec le FBI ou la CIA, et la France se distingue pour la grande qualité de son renseignement ; de l’autre, nous avons tendance à faire entendre un discours officiel dont les maîtres mots sont «tolérance» et «dialogue», une sorte de vaste rhétorique de l’«apaisement» qui, pour un peu, finirait par nous persuader nous-mêmes que nous n’avons aucun ennemi — seulement des «défis» — et que, contrairement aux Américains, nous n’avons aucune raison de voir dans le terrorisme une adversité radicale et inquiétante. Ce n’est même pas la tentation de l’innocence, c’est la tentation de l’ataraxie !
«Ataraxie» ou déni de la réalité qui met directement en relief l’oubli, dans de nombreux secteurs de l’opinion européenne, de la catastrophe totalitaire...
Les derniers brandons du tiers-mondisme se consument dans l’islamo-progressisme, théorisé par un certain nombre de philosophes musulmans auteurs de synthèses entre le marxisme et un islam présenté comme la religion des déshérités et comme une «alternative» au libéralisme planétaire. On retrouve aujourd’hui ce type de synthèses dans le Monde diplomatique et, plus largement, chez tous ceux qui, en France, ont milité pour le croisement du Forum social européen avec des intellectuels prônant une conception rétrograde de l’islam. Bien sûr, ces personnes estiment que le terrorisme est condamnable, mais comme l’emballement ou l’excès ponctuel d’une cause par ailleurs immaculée. Face à ce type de régressions intellectuelles, je me demande parfois si une partie de la gauche n’a pas évacué la critique du totalitarisme.
Qu’elle est revenue, sur un plan doctrinal, en deçà de l’époque de l’antitotalitarisme ?
Plus exactement, la critique du totalitarisme, qui avait dessiné les contours de ce que pourrait être une gauche moderne, a dépéri en 1989, avec la chute du Mur de Berlin, avant de resurgir un temps avec les guerres en ex-Yougoslavie. Le résultat, c’est qu’aujourd’hui, rares sont ceux qui, à gauche, osent appliquer à un fanatisme religieux comme l’islamisme les catégories qui furent naguère déployées pour penser le nazisme, ensuite le stalinisme. On préfère anathémiser ceux qui, comme Paul Berman, réinscrivent l’islamisme dans le déploiement du phénomène totalitaire. Les attentats de Londres devraient agir comme une piqûre de rappel sur les Français. Je garde l’espoir de voir surgir, à gauche — mais aussi à droite —, des mouvements de pensée ayant en commun le refus de la culture de l’excuse et de la version contemporaine du «Je sais bien, mais quand même» de Freud — sous-entendu : «Cela n’arrive qu’aux autres !» Des mouvements de pensée qui, en un mot, nous réveilleraient des illusions propagées, dès 2003, par le «happening» pacifiste. A cet égard, les manifestations «antiguerre» de 2003 ont été particulièrement néfastes. Elles ont agi à la manière de cérémonies propitiatoires dans le style du culte de la pluie ! Nous devrions savoir, aujourd’hui, que nous sommes vulnérables.
Propos recueillis par Alexis Lacroix, Le Figaro, 09/07/2005.
Philosophe, auteur récemment d’un roman, L’Amour du prochain (Grasset), ainsi que de la préface aux Habits neufs de la terreur de Paul Berman (Hachette), Pascal Bruckner, qui dénonce depuis des années le «sanglot de l’homme blanc», interroge les dénégations d’une partie de l’opinion européenne face à la menace terroriste.
LE FIGARO.— Seize mois après la capitale espagnole, Londres vient d’être frappée par une série d’attaques terroristes. Quelles premières réactions vous inspire cette tragédie?
Pascal BRUCKNER.— Est-ce une conséquence de l’insularité anglaise ? Est-ce dû à la tradition qui s’est exprimée, avec une grandeur remarquable, face au nazisme ? L’Angleterre, confrontée à la volonté de destruction apocalyptique, ne cède pas plus aujourd’hui qu’elle n’a plié hier. Elle résiste de manière «churchilienne». A l’inverse des Espagnols après les attentats d’Atocha, les Anglais réagissent avec sang-froid. Ils ne réclament pas de leur gouvernement le retrait des troupes britanniques engagées, aux côtés des Américains, en Irak. Et Blair, quoi qu’il en soit, n’abondera jamais dans le sens des poseurs de bombes, contrairement au premier ministre que les Espagnols ont choisi après la tragédie du 11 mars. Aussi prolonge-t-il, avec son peuple, une tradition de liberté dont je me demande parfois si l’Europe continentale n’a pas perdu le goût...
Pourquoi en aurait-elle perdu le goût?
Parce que, sous l’influence d’une partie de ses leaders d’opinion, l’Europe occidentale continentale tend, le plus souvent, à «intérioriser» la faute. Pour le dire autrement : face à la menace universelle et impalpable que représente aujourd’hui le terrorisme, certains intellectuels et certains commentateurs peuvent être tentés de renouer avec le réflexe du «sanglot de l’homme blanc» et de redonner sens à l’idée, formidablement primaire et totalement erronée, selon laquelle tout crime contre nous serait en fait une réponse à l’affront au genre humain que constitue la «domination» de l’Occident. Bref, ils peuvent être tentés de recoder tout acte de terrorisme frappant les nations occidentales en riposte contre leur hégémonie. Pas forcément tributaire de clichés gauchistes, Le Parisien titrait significativement, dans son édition d’hier : «Al-Qaida punit Londres» ! Comme si l’Internationale de l’épouvante dirigée par Ben Laden pouvait être comparée à un maître d’école qui taperait sur les doigts des mauvais élèves, qui ont la mauvaise idée de s’engager aux côtés des Américains. Autre variante de cette «intériorisation» de la faute : j’ai également entendu expliquer que le combat contre le terrorisme a échoué et que l’attentat de Londres va servir de prétexte à l’ouverture d’un nouvel «état d’exception» ; bref, après les Etats-Unis, les sociétés européennes seraient sur le point d’abolir leur propre liberté, aux fins du combat contre le terrorisme. Ce type de mise en garde est extrêmement perverse : elle revient in fine à imputer la faute des attentats à leurs victimes.
Le discours messianique et même millénariste sur l’«éradication» du terrorisme, né après le traumatisme du 11 Septembre, est sans résultat...
On peut évidemment s’interroger sur le surdéploiement militaire en Irak et en Afghanistan. S’inquiéter de l’issue d’une campagne moyen-orientale qui «surmène» une armée américaine parvenue aux limites de ses forces. Cela dit, personne n’a jamais présenté la guerre contre le terrorisme lancée par l’Administration républicaine après le 11 Septembre comme une offensive éclair, censée produire tous ses résultats en quelques mois ! Nous avons sans doute entamé une guerre qui durera peut-être deux ou trois décennies et connaîtra de nombreuses batailles. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que le fameux discours messianique, qui sous-tend le projet américain et auquel vous faites référence, soit, comme on aime à le répéter en Europe, d’inspiration religieuse.
Il existe certes aux Etats-Unis une droite évangéliste épouvantable dont George W. Bush est prisonnier pour des raisons électorales. Mais ce courant idéologique, aussi antipathique soit-il, ne modèle pas la politique étrangère de Washington. Loin de tout fanatisme, le discours américain de lutte contre le terrorisme fait plutôt appel aux idéaux d’une liberté révolutionnaire dont le principal souci est de défaire les «tyrannies». Dans le combat de longue haleine qui s’engage, il va d’ailleurs falloir nous méfier, en Europe, de tous ceux qui nous expliquent, après chaque nouvel attentat contre une nation occidentale, que nous sommes punis d’avoir «excité la Bête» !
«Excité la Bête» ?
Il existe tout un discours très à la mode qui dénie au terrorisme son nihilisme apocalyptique, qui nous suggère qu’une communauté humaine ne pourrait pas vouloir délibérément la destruction, l’anéantissement et la mort et que, quand elle cède au vertige nihiliste, ce ne serait qu’à cause des Américains et de leurs alliés britannique et israélien ! Ce dernier, à en croire la nouvelle vox populi, serait coupable, non certes d’avoir inventé le terrorisme, mais d’avoir radicalisé la colère djihadiste. A se dresser trop violemment contre l’islamisme, nous explique la nouvelle sagesse du monde, on le favoriserait : il s’agit-là d’une théorie pour laquelle on fortifie son ennemi en le combattant ! Les gouvernants — à commencer par les gouvernants français — sont prémunis contre cette théorie bizarre. En revanche, celle-ci exerce une forte emprise sur l’opinion publique, notamment en France. Le réflexe expiatoire face au terrorisme est profondément inscrit dans l’air du temps. Pour les néotiers-mondistes, le terrorisme est une arme des pauvres — une riposte de «damnés de la terre». Pour d’autres, qui le médicalisent, c’est une pathologie pure. L’une et l’autre de ces grilles interprétatives ont un inconvénient majeur : celui de confondre la cause et le prétexte du terrorisme. Sans doute la guerre en Irak ou en Afghanistan, l’existence du conflit israélo-palestinien ou le procès de tel ou tel chef djihadiste en Angleterre peuvent-ils fournir, tour à tour, un prétexte commode à des actes terroristes. Mais la cause ultime de tels actes, ce n’est jamais que la haine viscérale qu’un certain nombre de petits groupes ultrafanatisés, tributaires d’une interprétation extrêmement restrictive du Coran, vouent au principe même d’une société ouverte et à toute esquisse de libéralisation dans le monde arabo-musulman.
Avons-nous tort de vouloir comprendre le terrorisme ?
Plus exactement : de vouloir le comprendre dans le seul cadre de notre rationalité, ce qui aboutit immanquablement à l’illusion qu’on pourra combattre le terrorisme avec la mise en place d’un «nouvel ordre international» multipolaire. Bien entendu, il importe, comme le G8 en manifeste ces jours-ci, la détermination de combattre la malnutrition et la misère. Mais le terrorisme échappe à ces parades rationnelles. La violence pure est sa loi. Il est «sans pourquoi». Pour comprendre sans hémiplégie ce phénomène, il faut garder à l’esprit son caractère foncièrement nihiliste et destructif. En succombant à la tentation d’«accuser d’abord l’Amérique», selon la formule de Michaël Walzer, une partie de l’opinion ouest-européenne croit se défausser à peu de frais de ses crimes passés sur l’impérialisme yankee. Ce faisant, elle glisse vers des modes de raisonnement qui sont ceux d’un pays du tiers-monde. Comme si notre fameuse «politique arabe» nous protégeait de l’hostilité déchaînée que les djihadistes vouent à la démocratie en tant que telle ! Etrange schizophrénie française : d’un côté, les services secrets français coopèrent à un très haut degré d’efficacité avec le FBI ou la CIA, et la France se distingue pour la grande qualité de son renseignement ; de l’autre, nous avons tendance à faire entendre un discours officiel dont les maîtres mots sont «tolérance» et «dialogue», une sorte de vaste rhétorique de l’«apaisement» qui, pour un peu, finirait par nous persuader nous-mêmes que nous n’avons aucun ennemi — seulement des «défis» — et que, contrairement aux Américains, nous n’avons aucune raison de voir dans le terrorisme une adversité radicale et inquiétante. Ce n’est même pas la tentation de l’innocence, c’est la tentation de l’ataraxie !
«Ataraxie» ou déni de la réalité qui met directement en relief l’oubli, dans de nombreux secteurs de l’opinion européenne, de la catastrophe totalitaire...
Les derniers brandons du tiers-mondisme se consument dans l’islamo-progressisme, théorisé par un certain nombre de philosophes musulmans auteurs de synthèses entre le marxisme et un islam présenté comme la religion des déshérités et comme une «alternative» au libéralisme planétaire. On retrouve aujourd’hui ce type de synthèses dans le Monde diplomatique et, plus largement, chez tous ceux qui, en France, ont milité pour le croisement du Forum social européen avec des intellectuels prônant une conception rétrograde de l’islam. Bien sûr, ces personnes estiment que le terrorisme est condamnable, mais comme l’emballement ou l’excès ponctuel d’une cause par ailleurs immaculée. Face à ce type de régressions intellectuelles, je me demande parfois si une partie de la gauche n’a pas évacué la critique du totalitarisme.
Qu’elle est revenue, sur un plan doctrinal, en deçà de l’époque de l’antitotalitarisme ?
Plus exactement, la critique du totalitarisme, qui avait dessiné les contours de ce que pourrait être une gauche moderne, a dépéri en 1989, avec la chute du Mur de Berlin, avant de resurgir un temps avec les guerres en ex-Yougoslavie. Le résultat, c’est qu’aujourd’hui, rares sont ceux qui, à gauche, osent appliquer à un fanatisme religieux comme l’islamisme les catégories qui furent naguère déployées pour penser le nazisme, ensuite le stalinisme. On préfère anathémiser ceux qui, comme Paul Berman, réinscrivent l’islamisme dans le déploiement du phénomène totalitaire. Les attentats de Londres devraient agir comme une piqûre de rappel sur les Français. Je garde l’espoir de voir surgir, à gauche — mais aussi à droite —, des mouvements de pensée ayant en commun le refus de la culture de l’excuse et de la version contemporaine du «Je sais bien, mais quand même» de Freud — sous-entendu : «Cela n’arrive qu’aux autres !» Des mouvements de pensée qui, en un mot, nous réveilleraient des illusions propagées, dès 2003, par le «happening» pacifiste. A cet égard, les manifestations «antiguerre» de 2003 ont été particulièrement néfastes. Elles ont agi à la manière de cérémonies propitiatoires dans le style du culte de la pluie ! Nous devrions savoir, aujourd’hui, que nous sommes vulnérables.
Friday, July 08, 2005
La idea és aquesta
Denis Greslin: L’Europe une nouvelle fois touchée par le terrorisme musulman
Pour notre part, à Occidentalis, nous sommes en croisade. Mais il ne s’agit pas d’une croisade pour détruire ou conquérir, comme celle que mène l’islam, mais bel et bien d’une croisade pour sauver notre civilisation, notre culture, nos valeurs occidentales. Une croisade encore pacifique, mais qui pourtant nous attire bien plus d’ennuis que celle entamée par les islamistes. Et cette croisade ne pourra s’achever que par la victoire ou la disparition totale de la démocratie sur notre Terre. Chacun est libre de choisir son camp, mais personne ne pourra rester neutre, car la neutralité favorise toujours le conquérant. A chacun de prendre ses responsabilités.
Que no en quedi ni un !
Han estat molts anys de tolerància, a UK, i ara en recullen els morts. A fer bugada, doncs.
Daniel Pipes: British "Covenant of Security" with Islamists Ends
Thierry Oberlé: Le «Londonistan» est passé dans la clandestinité
Le Figaro, 08/07/2005.
Londres n’est plus un sanctuaire, ni une base de repli, mais une ligne de front djihadiste. En exportant sa campagne de terreur sur les bords de la Tamise, la mouvance al-Qaida a fait voler en éclats un statut particulier qui était remis en question depuis la participation britannique à la guerre en Irak. Elle précipite aussi la décomposition du «Londonistan», ce fief européen des fondamentalistes. «Le Londonistan s’est politiquement dissous au cours des derniers mois. Ce démantèlement paraissait volontaire. Il est possible qu’il soit lié au changement de tactique des milieux ultraradicaux, dont on vient de découvrir les conséquences», affirme une experte, Selma Belaala. «Quoi qu’il en soit, l’illusion sécuritaire dans laquelle vivaient les Britanniques s’est dissipée», ajoute-t-elle.
Chercheur à l’Institut d’études politiques de Paris, Selma Belaala rentre d’une mission à Londres. «Il n’y a plus dans la capitale britannique d’encadrement clairement identifiable, de leadership et de lieux fixes pour les djihadistes» précise cette spécialiste de l’islam radical.
Il est loin le temps des attentats du 11 septembre 2001. A l’époque, les ténors du «Londonistan» se félicitent bruyamment de la réussite des attaques contre New York et Washington et portent aux nues les 19 pirates de l’air. Une trentaine de mouvements radicaux pourchassés dans leur propre pays après une série de revers ont alors pignon sur rue à Londres. Le GIA algérien croise le Djihad islamique égyptien, les Pakistanais parlent aux Saoudiens. La ville attire le gratin des exaltés de la planète islamiste. Les imprécateurs vantent leur djihad anti-américain dans des mosquées, sur Internet ou dans des feuilles distribuées aux sympathisants tous les vendredis après la prière.
L’imam Abou Hamza el-Masri
lance ses anathèmes depuis la mosquée de Finsbury Park. Ancien combattant de la première guerre d’Afghanistan, il a perdu ses deux avant-bras et un oeil en maniant des explosifs.
Le Palestino-Jordanien Abou Qoutada
est considéré comme un idéologue d’al-Qaida et le représentant officieux d’Oussama Ben Laden en Grande-Bretagne.
Le cheikh Omar Bakri, lui,
signe des fatwas incendiaires et rêve à haute voix d’instaurer un califat planétaire. Provocateur, il demande, un jour de colère, aux homosexuels de se jeter du sommet de Big Ben. Il rêve de planter le drapeau vert d’Allah sur le toit du 10, Downing Street. Al Mouhajiroun (les émigrants), son groupuscule, se veut «la voix, les yeux et les oreilles des musulmans».
Souvent illuminés, toujours fanatiques, les porte-parole les plus en vue du petit milieu extrémiste tirent profit des traditions britanniques de liberté d’expression pour inciter à la violence. Cela cesse en 2003 avec l’engagement britannique aux côtés des États-Unis en Irak. Abou Hamza, le «capitaine Crochet» de l’islam radical, est jeté en prison pour incitation à la haine et au meurtre. Il y croupit toujours dans l’attente de son procès.
Rachid Ramda,
soupçonné d’avoir financé les attentats de 1995 en liaison lointaine avec Oussama Ben Laden, devrait être enfin extradé vers la France après dix années de tergiversations. Abou Qoutada est assigné à résidence et a de facto perdu le véritable contact avec la mouvance al-Qaida.
Seul rescapé du vieux «Londonistan», Omar Bakri, propagandiste zélé de Zarqaoui, le lieutenant de Ben Laden en Irak, continue à haranguer des petits groupes d’initiés contre «les forces britanniques, ces ennemis de l’islam qui combattent en Irak». Mais le salafiste syrien invective désormais les mécréants depuis des banlieues perdues.
Haut lieu de l’intégrisme, la mosquée de Finsbury Park
a été reprise en main en février par des musulmans plus modérés à l’issue d’une mini-guerre des minarets. «Des militants issus des rangs des frères musulmans ont envahi la mosquée et ont fini par chasser les dirigeants salafistes proches d’Abou Hamza, raconte Selma Belaala. Les négociations engagées le 22 février ont duré plusieurs nuits. En fait, les djihadistes n’avaient pas le choix : en cas d’usage de la violence, ils risquaient l’expulsion pure et simple du pays.» Le symbole du «Londonistan» est tombé à l’issue d’une bataille, une fitna, pour reprendre l’expression du politologue Gilles Kepel, cette «guerre au coeur de l’islam».
Dispersés, les activistes ont perdu de leur visibilité pour les services de renseignements. Ces derniers indiquaient en janvier, lors d’une alerte terroriste, qu’environ 200 djihadistes installés en Angleterre mais non localisés étaient capables de frapper sur le sol britannique. Ils se plaignaient d’un manque de relais dans les milieux à surveiller mais paraissaient malgré tout confiants à l’occasion de leurs échanges d’informations avec leurs homologues étrangers. Hier, la police britannique a déclaré qu’elle ne disposait d’aucun renseignement pouvant laisser présager la vague d’attentats. Avec le recul, l’éclatement du «Londonistan» et le départ des salafistes de la trop célèbre mosquée de Finsbury Park étaient sans doute un signe avant-coureur du déchaînement de fureur. Il n’est plus question de la moindre organisation politique classique. Les réseaux se sont atomisés pour mieux tuer.
Daniel Pipes: British "Covenant of Security" with Islamists Ends
… in January 2005, Mr. Mohammed determined that the covenant of security had ended for British Muslims because of post-September 11, 2001, anti-terrorist legislation that meant “the whole of Britain has become Dar ul-Harb,” or territory open for Muslim conquest. Therefore, in a reference to unbelievers, “the kuffar has no sanctity for their own life or property.”
Thierry Oberlé: Le «Londonistan» est passé dans la clandestinité
Le Figaro, 08/07/2005.
Londres n’est plus un sanctuaire, ni une base de repli, mais une ligne de front djihadiste. En exportant sa campagne de terreur sur les bords de la Tamise, la mouvance al-Qaida a fait voler en éclats un statut particulier qui était remis en question depuis la participation britannique à la guerre en Irak. Elle précipite aussi la décomposition du «Londonistan», ce fief européen des fondamentalistes. «Le Londonistan s’est politiquement dissous au cours des derniers mois. Ce démantèlement paraissait volontaire. Il est possible qu’il soit lié au changement de tactique des milieux ultraradicaux, dont on vient de découvrir les conséquences», affirme une experte, Selma Belaala. «Quoi qu’il en soit, l’illusion sécuritaire dans laquelle vivaient les Britanniques s’est dissipée», ajoute-t-elle.
Chercheur à l’Institut d’études politiques de Paris, Selma Belaala rentre d’une mission à Londres. «Il n’y a plus dans la capitale britannique d’encadrement clairement identifiable, de leadership et de lieux fixes pour les djihadistes» précise cette spécialiste de l’islam radical.
Il est loin le temps des attentats du 11 septembre 2001. A l’époque, les ténors du «Londonistan» se félicitent bruyamment de la réussite des attaques contre New York et Washington et portent aux nues les 19 pirates de l’air. Une trentaine de mouvements radicaux pourchassés dans leur propre pays après une série de revers ont alors pignon sur rue à Londres. Le GIA algérien croise le Djihad islamique égyptien, les Pakistanais parlent aux Saoudiens. La ville attire le gratin des exaltés de la planète islamiste. Les imprécateurs vantent leur djihad anti-américain dans des mosquées, sur Internet ou dans des feuilles distribuées aux sympathisants tous les vendredis après la prière.
L’imam Abou Hamza el-Masri
lance ses anathèmes depuis la mosquée de Finsbury Park. Ancien combattant de la première guerre d’Afghanistan, il a perdu ses deux avant-bras et un oeil en maniant des explosifs.
Le Palestino-Jordanien Abou Qoutada
est considéré comme un idéologue d’al-Qaida et le représentant officieux d’Oussama Ben Laden en Grande-Bretagne.
Le cheikh Omar Bakri, lui,
signe des fatwas incendiaires et rêve à haute voix d’instaurer un califat planétaire. Provocateur, il demande, un jour de colère, aux homosexuels de se jeter du sommet de Big Ben. Il rêve de planter le drapeau vert d’Allah sur le toit du 10, Downing Street. Al Mouhajiroun (les émigrants), son groupuscule, se veut «la voix, les yeux et les oreilles des musulmans».
Souvent illuminés, toujours fanatiques, les porte-parole les plus en vue du petit milieu extrémiste tirent profit des traditions britanniques de liberté d’expression pour inciter à la violence. Cela cesse en 2003 avec l’engagement britannique aux côtés des États-Unis en Irak. Abou Hamza, le «capitaine Crochet» de l’islam radical, est jeté en prison pour incitation à la haine et au meurtre. Il y croupit toujours dans l’attente de son procès.
Rachid Ramda,
soupçonné d’avoir financé les attentats de 1995 en liaison lointaine avec Oussama Ben Laden, devrait être enfin extradé vers la France après dix années de tergiversations. Abou Qoutada est assigné à résidence et a de facto perdu le véritable contact avec la mouvance al-Qaida.
Seul rescapé du vieux «Londonistan», Omar Bakri, propagandiste zélé de Zarqaoui, le lieutenant de Ben Laden en Irak, continue à haranguer des petits groupes d’initiés contre «les forces britanniques, ces ennemis de l’islam qui combattent en Irak». Mais le salafiste syrien invective désormais les mécréants depuis des banlieues perdues.
Haut lieu de l’intégrisme, la mosquée de Finsbury Park
a été reprise en main en février par des musulmans plus modérés à l’issue d’une mini-guerre des minarets. «Des militants issus des rangs des frères musulmans ont envahi la mosquée et ont fini par chasser les dirigeants salafistes proches d’Abou Hamza, raconte Selma Belaala. Les négociations engagées le 22 février ont duré plusieurs nuits. En fait, les djihadistes n’avaient pas le choix : en cas d’usage de la violence, ils risquaient l’expulsion pure et simple du pays.» Le symbole du «Londonistan» est tombé à l’issue d’une bataille, une fitna, pour reprendre l’expression du politologue Gilles Kepel, cette «guerre au coeur de l’islam».
Dispersés, les activistes ont perdu de leur visibilité pour les services de renseignements. Ces derniers indiquaient en janvier, lors d’une alerte terroriste, qu’environ 200 djihadistes installés en Angleterre mais non localisés étaient capables de frapper sur le sol britannique. Ils se plaignaient d’un manque de relais dans les milieux à surveiller mais paraissaient malgré tout confiants à l’occasion de leurs échanges d’informations avec leurs homologues étrangers. Hier, la police britannique a déclaré qu’elle ne disposait d’aucun renseignement pouvant laisser présager la vague d’attentats. Avec le recul, l’éclatement du «Londonistan» et le départ des salafistes de la trop célèbre mosquée de Finsbury Park étaient sans doute un signe avant-coureur du déchaînement de fureur. Il n’est plus question de la moindre organisation politique classique. Les réseaux se sont atomisés pour mieux tuer.
Thursday, July 07, 2005
London in chaos
Blair vows terrorists won’t win
London blasts fit al Qaeda-type pattern -analysts
London blasts (imatges)
London blasts fit al Qaeda-type pattern -analysts
“If it is Islamic terrorism — jihadist terrorism — they are sending a message that the leaders of the industrial world are being mocked and laid low by the jihadist terrorists.”
London blasts (imatges)
Tuesday, July 05, 2005
Escriviu a Tony Blair
Copieu aquesta carta: Dear Prime Minister...
i envieu-la-hi per aquí: E-mail the Prime Minister
i envieu-la-hi per aquí: E-mail the Prime Minister
I am totally convinced that Turkey should not be integrated into the political frame of the European Union and therefore I urge you to reconsider Great Britain’s stand on the issue of Turkey’s accession.
Krauthammer analitza la cosa
Charles Krauthammer: The Neoconservative Convergence
In short, the Bush administration —if you like, neoconservatism in power— has been far more inclined to pursue democratic realism and to consign democratic globalism to the realm of aspiration. This kind of prudent circumspection is, in fact, a practical necessity for governing in the real world.
Monday, July 04, 2005
4th of July 2005
Celebrating Freedom 2005
Proclaim liberty throughout all the land
unto all the inhabitants thereof.
(Lv 25, 10)