Un ‘no’ no solament d’esquerra
Eric Zemmour: La revanche historique
Le Figaro, 30/05/2005.
Ils ont été diabolisés, humiliés, ridiculisés. Cette victoire du non est pour les souverainistes, lepénistes, gaullistes, villiéristes, nationalistes, une revanche historique qu’ils n’espéraient plus. Pour l’obtenir, les tribus gauloises du non de droite ont tout accepté. Tenu sans mot dire le rôle de second, presque de porteur d’eau. Supporté la domination idéologique, médiatique et politique du non de gauche. Ce non de gauche qui s’est répandu comme une traînée de poudre dans ces classes moyennes dont le basculement a été décisif. Ce non de gauche qui a protégé tout le camp du non de la diabolisation.
Mais le non de droite fut le passager clandestin du non de gauche. Planqué dans la soute, il voyageait à l’oeil. Le non de gauche évoquait les délocalisations, les excès du libre-échangisme mondial, les plombiers polonais et les chemises chinoises. Sans le dire, il parlait de frontières, de protectionnisme, d’autorité et d’utilité des vieux Etats-nations. Ils faisaient du souverainisme comme Monsieur Jourdain faisait de la prose.
Mais cette victoire idéologique est concomitante d’une grande faiblesse politique. Jean-Marie Le Pen n’est plus un jeune homme ; son parti est divisé ; il n’est pas sûr d’obtenir pour 2007 les cinq cents parrainages d’élus. Il n’en a pas moins réclamé, dès hier soir, la démission de Jacques Chirac, pressé d’en découdre. Philippe de Villiers aussi a réclamé le départ du président. Il a exigé que « le non soit respecté ». Et lui avec. Il espère bien recueillir l’héritage politique de Le Pen et de Pasqua. Il croit le moment enfin venu. Le succès de son grand meeting parisien, au Palais des sports, l’encourage. Son MPF s’efforcera d’engranger pour atteindre la masse critique. Jusqu’ici, Villiers n’a jamais réussi à muer son grand talent médiatique en puissance politique.
La tâche est, il est vrai, prométhéenne. Il s’agit de mettre à bas le clivage droite-gauche vermoulu et de le remplacer par un autre, celui qui a séparé le oui et le non, vainqueurs et perdants de la mondialisation, logiques d’ouverture et de protection, tempéraments libertaires et autoritaires. Séguin, Pasqua, Chevènement ont naguère échoué. Cette victoire du non est une « crise politique majeure ». Mais qui peut en profiter ?
Le Figaro, 30/05/2005.
Ils ont été diabolisés, humiliés, ridiculisés. Cette victoire du non est pour les souverainistes, lepénistes, gaullistes, villiéristes, nationalistes, une revanche historique qu’ils n’espéraient plus. Pour l’obtenir, les tribus gauloises du non de droite ont tout accepté. Tenu sans mot dire le rôle de second, presque de porteur d’eau. Supporté la domination idéologique, médiatique et politique du non de gauche. Ce non de gauche qui s’est répandu comme une traînée de poudre dans ces classes moyennes dont le basculement a été décisif. Ce non de gauche qui a protégé tout le camp du non de la diabolisation.
Mais le non de droite fut le passager clandestin du non de gauche. Planqué dans la soute, il voyageait à l’oeil. Le non de gauche évoquait les délocalisations, les excès du libre-échangisme mondial, les plombiers polonais et les chemises chinoises. Sans le dire, il parlait de frontières, de protectionnisme, d’autorité et d’utilité des vieux Etats-nations. Ils faisaient du souverainisme comme Monsieur Jourdain faisait de la prose.
Mais cette victoire idéologique est concomitante d’une grande faiblesse politique. Jean-Marie Le Pen n’est plus un jeune homme ; son parti est divisé ; il n’est pas sûr d’obtenir pour 2007 les cinq cents parrainages d’élus. Il n’en a pas moins réclamé, dès hier soir, la démission de Jacques Chirac, pressé d’en découdre. Philippe de Villiers aussi a réclamé le départ du président. Il a exigé que « le non soit respecté ». Et lui avec. Il espère bien recueillir l’héritage politique de Le Pen et de Pasqua. Il croit le moment enfin venu. Le succès de son grand meeting parisien, au Palais des sports, l’encourage. Son MPF s’efforcera d’engranger pour atteindre la masse critique. Jusqu’ici, Villiers n’a jamais réussi à muer son grand talent médiatique en puissance politique.
La tâche est, il est vrai, prométhéenne. Il s’agit de mettre à bas le clivage droite-gauche vermoulu et de le remplacer par un autre, celui qui a séparé le oui et le non, vainqueurs et perdants de la mondialisation, logiques d’ouverture et de protection, tempéraments libertaires et autoritaires. Séguin, Pasqua, Chevènement ont naguère échoué. Cette victoire du non est une « crise politique majeure ». Mais qui peut en profiter ?
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