Bernard Lewis autorevisat
Està a punt de sortir (el 28/04/2005) a Gallimard el volum Islam contenint les obres principals obres de Bernard Lewis, que ha escrit per aquesta edició una llarga introducció en què exposa el seu itinerari intellectual. Un morceau choisi:
En août 1957, un congrès de quatre jours consacré aux “Tensions dans le Moyen-Orient” se tient à la School of Advanced International Studies de l’université Johns Hopkins à Washington. Les actes furent publiés l’année suivante dans un livre portant le même nom. Intitulée “Le Moyen-Orient dans les affaires internationales”, ma contribution contenait les lignes suivantes :
Ces lignes, écrites il y a près de cinquante ans, continuent de refléter les vues sur le sujet, actuellement très controversé, du choc des civilisations.
[...] Etait-ce un choc des civilisations ? Je dirais plutôt entre deux variantes d’une même civilisation. Le conflit persistant entre l’Islam et la Chrétienté tire sa spécificité, non pas de leurs différences, mais de leurs ressemblances. Toutes les religions proclament que leurs vérités sont universelles ; cependant, le christianisme et l’islam sont peut-être les seuls à proclamer que leurs vérités sont non seulement universelles mais aussi exclusives, qu’eux seuls sont les heureux détenteurs de l’ultime révélation divine, qu’il est de leur devoir de la faire connaître au reste de l’humanité et que ceux qui ne s’y rallient pas sont, à des degrés divers, promis à la damnation. [...]
Entre ces deux religions partageant en commun héritage juif et hellénistique, revendiquant une même autorité et une même vocation universelles, se disputant le Bassin méditerranéen et le continent qui le borde, le choc était inévitable. Cependant, ce choc n’était pas tant entre deux civilisations qu’entre deux rivaux aspirant à prendre le leadership d’une seule et même civilisation.
(Font: Bernard Lewis : l’orient et moi.)
En août 1957, un congrès de quatre jours consacré aux “Tensions dans le Moyen-Orient” se tient à la School of Advanced International Studies de l’université Johns Hopkins à Washington. Les actes furent publiés l’année suivante dans un livre portant le même nom. Intitulée “Le Moyen-Orient dans les affaires internationales”, ma contribution contenait les lignes suivantes :
“Les ressentiments actuels des peuples du Moyen-Orient se comprennent mieux lorsqu’on s’aperçoit qu’ils résultent non pas d’un conflit entre des Etats ou des nations, mais du choc entre deux civilisations. Commencé avec le déferlement des Arabes musulmans vers l’ouest et leur conquête de la Syrie, de l’Afrique du Nord et de l’Espagne chrétiennes, le “Grand Débat”, comme l’appelait Gibbon, entre l’Islam et la Chrétienté s’est poursuivi avec la contre-offensive chrétienne des croisades et son échec, puis avec la poussée des Turcs en Europe, leur farouche combat pour y rester et leur repli. Depuis un siècle et demi, le Moyen-Orient musulman subit la domination de l’Occident — domination politique, économique et culturelle, même dans les pays qui n’ont pas connu un régime colonial [...]. Je me suis efforcé de hisser les conflits du Moyen-Orient, souvent tenus pour des querelles entre Etats, au niveau d’un choc des civilisations. Cependant, si les civilisations ne peuvent avoir une politique étrangère, les gouvernements, eux, se doivent d’en avoir une.”
Ces lignes, écrites il y a près de cinquante ans, continuent de refléter les vues sur le sujet, actuellement très controversé, du choc des civilisations.
[...] Etait-ce un choc des civilisations ? Je dirais plutôt entre deux variantes d’une même civilisation. Le conflit persistant entre l’Islam et la Chrétienté tire sa spécificité, non pas de leurs différences, mais de leurs ressemblances. Toutes les religions proclament que leurs vérités sont universelles ; cependant, le christianisme et l’islam sont peut-être les seuls à proclamer que leurs vérités sont non seulement universelles mais aussi exclusives, qu’eux seuls sont les heureux détenteurs de l’ultime révélation divine, qu’il est de leur devoir de la faire connaître au reste de l’humanité et que ceux qui ne s’y rallient pas sont, à des degrés divers, promis à la damnation. [...]
Entre ces deux religions partageant en commun héritage juif et hellénistique, revendiquant une même autorité et une même vocation universelles, se disputant le Bassin méditerranéen et le continent qui le borde, le choc était inévitable. Cependant, ce choc n’était pas tant entre deux civilisations qu’entre deux rivaux aspirant à prendre le leadership d’une seule et même civilisation.
(Font: Bernard Lewis : l’orient et moi.)
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